VÉGÉTALISATION Astredhor Aura : focus sur l’arbre en ville
À l’occasion des portes ouvertes d’Astredhor Auvergne-Rhône-Alpes et Est début juillet, une table ronde a abordé les enjeux liés aux plantations en milieu urbain.
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Le 3 juillet dernier, trois interventions ont exploré « l’arbre en ville », le thème de la journée portes ouvertes de la station Astredhor de Brindas (69), à travers les enjeux de la plantation, du choix des essences et de la gestion de l’irrigation.
Un constat : le dépérissement des arbres en ville
Philippe Baron, à la Direction patrimoine végétal, service nature et fleuves de la Métropole de Lyon, a souligné le problème majeur d’arbres « qui dépérissent sans raison apparente ». Les observations post-excavation révèlent souvent des « racines qui restent dans la motte » ou une strangulation racinaire, « y compris sur des arbres de vingt mètres de haut ». Ce phénomène interroge sur la capacité des essences à s'ancrer et à se développer en milieu urbain contraint. D’où la participation de la métropole au projet Amares (2023-2026), en collaboration avec Plante & Cité, pour mieux comprendre ce qui se passe dans le sol et au niveau racinaire.
Les plantations sont réalisées dans des fosses isolées (de 8 à 10 m3) ou, si possible, en banquette plantée en multistrate. Le mélange terre-pierre, très utilisé dans les années 2000, est de moins en moins pratiqué, car « c’est un milieu très asséchant avec peu de matière organique » et « au bout de vingt, vingt-cinq ans, la croissance de l’arbre stagne et il finit par dépérir ».
Qualité et disponibilité des terres végétales
Une problématique est la qualité des terres végétales livrées par les entreprises de VRD (voiries et réseaux divers), souvent des « ersatz de terre » sans vie biologique. Pour y remédier, la Métropole de Lyon va faire appel à un laboratoire d’analyses. Par ailleurs, des enrichissements sont testés : biodynamisation (mycorhizes, bactéries, vers de terre), biochar. Disposer de terres végétales de qualité étant une gageure, une initiative de recyclage des terres excavées a été lancée. L'objectif est de créer des terres reconstituées à partir de terres de chantiers non valorisées, en y intégrant du fumier, du biocompost issu des déchets alimentaires, du bois d’élagage… Résultats des plantations de 2023 : 99 % de reprise, et des pousses de plus de deux mètres, en opposition aux 99 % d’échec des plantations sans préparation de sol.
L'arbre de pluie et la gestion de l'eau
La Métropole de Lyon tente de développer la technique d'arbre de pluie, qui consiste à diriger l'eau de ruissellement vers les fosses de plantation. Bien que simple en théorie (abaissement de bordure pour récupérer l'eau pluviale), sa mise en œuvre rencontre des difficultés dues aux « vingt-cinq à trente années d'habitude » des pratiques de chantier (terre mise au niveau de la bordure haute, bordures qui dépassent car elles servent à démarquer). Des ajustements sont en cours, incluant la validation des plans avec les entreprises et une meilleure coordination entre les services "eau" et "voirie".
Thomas Bur, d’Urbasense, a présenté son service de suivi du développement des racines dans le sol via des capteurs d'humidité disposés à différentes profondeurs pour optimiser l'arrosage. « Les statistiques de dix ans d'expérience montrent que les arbres de première année sont arrosés en moyenne 4,9 fois (mi-juin pour le premier arrosage), 4,1 fois la deuxième année et 1,9 fois la troisième année. » Ces données contredisent la pratique courante d'une douzaine d'arrosages annuels. Or, « un arrosage excessif peut être délétère, favorisant un système racinaire superficiel ou l'asphyxie racinaire », rappelle l’ingénieur agronome.
Urbasense participe au programme Végét'Eau II, en collaboration avec Plante & Cité, afin d’étudier l'impact du stress hydrique et des mycorhizes sur quatre essences ligneuses : l’idée est de comparer l'arrosage "classique" (préconisé dans le CCTP) et celui basé sur les données Urbasense.
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Palette végétale et adaptation au changement climatique
À la question fréquente de la gamme végétale face au changement climatique, la réponse de Philippe Baron est claire : la diversité. La Métropole de Lyon est passée d’une gestion de 45 000 arbres à plus de 103 000 (3 000 plantés par an) en trente-cinq ans. Son patrimoine est aujourd’hui constitué de 18 % de platanes (contre près de 50 % au premier inventaire) et de 127 genres. Les alignements monospécifiques sont de moins en moins pratiqués, avec deux à quatre essences par alignement. « Notre base de données recense 157 genres et 734 essences testées. On est à l'écoute des pépinières qui, chaque année, nous proposent des sujets à tester. On fait quelques plantations. Si ça fonctionne, on replante l'année d'après. »
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Quant à Pierre de Prémare, du Domaine de Chapelan, il questionne la pertinence du concept de "végétal local" pour les environnements urbains. Le climat, qui évolue 100 fois plus rapidement que par le passé, rend la migration naturelle des espèces insuffisante. Les critères de nature sont-ils les premiers à prendre en compte dans un milieu anthropisé ?
En ce qui concerne la biodiversité, le pépiniériste observe le décalage important entre les sorties des insectes et le fleurissement, beaucoup plus tardif, des essences locales. « Ce critère d'indigénat n'est donc pas toujours suffisant. » C’est pourquoi les pépiniéristes explorent de nouveaux critères de sélection, comme la résistance au stress hydrique ou le « potentiel de rafraîchissement » des essences.
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